La Patate douce au Sénégal, une filière à valoriser

La patate douce dite Ipomoea batatas ou simplement patate est l’une des plantes à racine les plus consommées au monde à cause de son riche potentiel nutritionnel et de sa capacité d’adaptation à multi conditions écologiques. Elle fait partie de l’alimentation des peuples d’Asie, du Pacifique et surtout d’Afrique subsaharienne. Elle occupe la sixième place mondiale des produits vivriers après le riz, le blé, la pomme de terre, le maïs et le manioc, tandis qu’en Afrique, elle est cinquième sur cette liste. Si la production annuelle mondiale de patates douces est supérieure à 105 millions de tonnes, la part de l’Afrique représente 95% de cette production (International Potato Center, Faits & Chiffres sur la patate douce).

Ainsi, plusieurs pays en développement comme le Sénégal l’ont en fait comme culture vivrière et rentière compte tenu de sa place dans l’économie du pays, au point de mettre en place des stratégies pour promouvoir la filière. Selon le projet “Valorisation de la patate douce par la diffusion des acquis” réalisé de 2003 à 2006 par l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA), l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA) et la Société d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta du fleuve Sénégal (SAED), la culture de la patate douce avait donné de bons rendements. Les chiffres montrent qu’elle était passée de 30 tonnes à 40 tonnes l’hectare, soit près de 60.000 tonnes de production totale. De même, la patate douce est cinquième après l’oignon, la tomate cerise, la tomate industrielle et le chou. Cela a donc permis aux cultivateurs de réaliser des recettes conséquentes comprises entre 2,5 et 4,5 millions de francs CFA. Dix ans plus tard, 80 tonnes de patate sont récoltées à l’hectare, sur une superficie annuelle de 4000 ha.
Son origine
La patate ou Ipomoea batatas est dérivée des Solanales, de la famille des Convolvulaceae. On la retrouve dans les zones tropicales et subtropicales. C’est une plante grimpante venant d’Amérique latine (8.000 ans avant notre ère). Elle est cultivée depuis le XIV siècle en Inde et en Asie du Sud-Est. Cette plante s’est répandue dans le monde et surtout en Afrique par les Espagnols et les portugais à travers leurs cantines d’Afrique. C’est un tubercule semi sucré à chair blanche, jaune ou orangée recouverte d’une peau rouge-violacée. On trouve plusieurs variétés de patates au Sénégal. Au Sénégal, les régions de Niayes et de la vallée du fleuve Sénégal sont reconnues pour la culture des patates douces, laquelle se fait sous le système de décrue et le système irrigué. En décrue, la filière est produite traditionnellement sur terres berges et occupe environ 2.750 ha dans les zones de Matam, Podor, Kanel et Bakel. En système irrigué, la production est plus développée, particulièrement dans le Lac de Guiers avec une part de 60% de terres cultivées équivalant à 1.250 ha. Ici, la culture de la patate douce est devenue la préférence des cultivateurs, souvent en provenance de Louga, de Tambacounda ou de la Gambie. Cette spéculation est flexible. En effet, elle ne nécessite pas des conditions climatiques spécifiques et beaucoup de moyens financiers. Son cycle de production est court, et varie de 4 à 6 mois selon la variété (120 à 180 jours). Dans la vallée du fleuve Sénégal, les plantations peuvent se faire durant les deux saisons (hivernage, saison froide) respectivement en Mai et en Novembre.

La rentabilité de la filière de la patate douce est irrégulière. L’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) avait révélé que la campagne 2007/2008 a permis une augmentation de 1% sur un rendement de 38.000 tonnes. Quatre ans plus tard, cette production a chuté à 35.000 tonnes, avant de stagner à 30.000 tonnes entre 2014 et 2015. Bien que cette spéculation soit essentiellement vivrière, dans la zone de la vallée du fleuve Sénégal, elle est aussi destinée à l’agrobusiness. En plus les semis de 80.000 plants/ha sont plus rentables que ceux de 25.000 ou 50.000 plants/ha, correspondant à la moyenne cultivés. La patate douce pourrait donner de meilleurs rendements et générer des revenus conséquents à ces agriculteurs si les conditions d’irrigation sont respectées. Il s’agit de deux irrigations pour le premier mois de semences, contre une irrigation/semaine jusqu’à la récolte.
La patate douce ne subit pas beaucoup d’attaque, elle s’adapte aux sols pauvres, et utilise peu d’engrais et de pesticides. En dépit de cela, sa croissance est tout de même confrontée aux défis climatiques, aux sols, au manque de techniques de production (groupes électrogènes, motopompes, électricité) et de stockage modernes adéquates, aux attaques des ravageurs (Cylas puncticollis, Cylas formicarius), aux difficultés d’accès à l’engrais, à la concurrence déloyale, au manque d’espace de commercialisation. Sur ces deux derniers points, 2 000 ha de patates n’avaient pas été vendus en 2016 du fait de la concurrence avec la patate étrangère sur le marché national.

Pour relever la croissance de la filière, l’Etat du Sénégal s’est doté de stratégies dont le Comité National de Concertation sur la Filière Patate Douce (CNCFPD), le Projet du Fonds National de Recherches Agricoles et Agroalimentaires (FNRAA)/Patate Douce, réalisée conjointement par l’ISRA, ITA, CNCFPD et SAED.
Valeur nutritive

La consistance, le goût crémeux et sucré de la patate douce font d’elle une plante et un tubercule à succès pour ceux qui la consomme. C’est un légume tubercule, grâce à ses feuilles allongées et représente une source de nourriture pour certains peuples d’Afrique (Guinée, République Démocratique du Congo). Le tubercule est riche en vitamines A, B6, B9. Il contient également une forte teneur en vitamines C, en glucides et en eau. On y trouve des protéines, des lipides, du cuivre et du manganèse en petite quantité.

AgriAction est une initiative qui vise à vulgariser les résultats de la recherche agricole auprès des agripreneurs, afin de les sensibiliser sur la production et consommation des cultures locales à forte valeur nutritive et génératrices de revenus, dont la patate douce. Après une collecte des données, nous avons réalisé l’infographie ci-dessus que nous mettons à disposition des agripreneurs, chercheurs, acteurs du développement, entreprises et citoyens, dans le but de promouvoir ce fruits comme alternative pour améliorer la sécurité alimentaire du Pays.

Télécharger l’infographie 1

Télécharger l’infographie 2

 

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