Plante vivace et grimpante, l’igname (le genre Dioscorea) a des origines diverses et variées. Si D. trifida vient d’Amérique tropicale, les espèces D. rotundata, D. cayenensis, D. bulbifera et D. dumetorurn sont, quant à elle, originaires d’Afrique de l’ouest. Le Bénin a connu une forte domestication de l’igname avec l’introduction de plusieurs nouvelles variétés.
L’igname est une plante tropicale monocotylédone à gros tubercules farineux. Le tubercule d’igname occupe une place de choix dans l’alimentation de la plupart des populations africaines. Au Bénin, des efforts sont en cours depuis plusieurs années pour dynamiser la filière igname. C’est ainsi que dans les régions à forte production d’ignames comme le nord et le centre du pays, des clones d’igname ont été spécialement mises en exergue et multipliés entre 2006 et 2007 grâce à la mise en place du Programme de Développement des Plantes à Racines et Tubercules (PDRT) en 2002.
Selon le rapport final « Etat des lieux de la recherche sur l’Igname au Bénin » du Projet de renforcement des capacités de recherche pour le développement de l’igname en Afrique de l’ouest et du centre, il ressort que de nouvelles variétés de cette spéculation ont été introduites par l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) grâce à l’appui financier du projet igname IITA/FIDA/TAG 704 en station à Ina. Cette tactique avait permis, à l’époque, d’atteindre jusqu’à 20 tonnes à l’hectare contre 10 tonnes pour les variétés locales.
Au-delà de cet engouement béninois, il faut préciser que les nations africaines comptabilisent à elles seules les 95% de la production mondiale d’igname dans le monde. Selon les données de l’année 2012 publiées par la plateforme worldatlas.com, le Nigeria est le premier producteur mondial de cette récolte avec un chiffre estimé à 32 318 900 tonnes en 2012. Et, le Bénin occupe la quatrième place avec une production de plus de 2,8 millions de tonnes de tubercules frais. En dépit d’une telle performance, l’igname était rare sur le marché local.
De nombreuses études et recherches agronomiques facilitent l’introduction d’autres espèces. En 2005, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) a fourni à l’Institut national de Recherche agricole au Bénin (INRAB) de Savè, quatre variétés de D. rotundata en provenance de l’IITA. Le Cirad a également travaillé avec le Centre de Transit des Plantes à Racines-Tubercules basé à l’UMR BGPI de Montpellier pour l’introduction in vitro en 2006 de plusieurs cultivars de l’espèce D. alata originaires du Vanuatu.
Plusieurs variétés d’igname sont produites au Bénin. La filière igname est plus développée dans les départements du nord et du centre du Bénin, notamment dans la commune de Savalou qui célèbre pour sa fête de l’igname chaque 15 août. Un rituel qui marque la sortie annuelle du tubercule. Dans les aires culturelles Bariba et Dendi au nord du Bénin, il est aussi organisé des rituels annuels de sortie d’igname. Dans toutes les grandes zones de production, on note des variétés précoces (Laboko, Gangni, Gnidou, Moroukorou et Oroukonai) d’une part, et des variétés tardives (Kokoro, Florido-Dioscorea alata).
L’igname et la problématique de sa conservation
En dépit de l’accroissement de la production d’igname (de 1,98 millions de tonnes entre 1999 et 2004 à 2,5 millions de tonnes en 2004), le tubercule se fait plus ou moins rare sur le marché à cause essentiellement des pertes considérables qu’on enregistre depuis la récolte. Il se pose en effet un véritable problème de conservation de l’igname. Plusieurs facteurs expliquent la difficulté à conserver cet aliment : la forte teneur en eau (60 à 75%) des tubercules frais, leur pourriture pouvant être occasionnée par des blessures, leur prédisposition à germer après la récolte (Vernier et al., 2005), l’inexistence d’une technique de stockage et de conservation appropriée.
L’autre hic est que pour faire face au problème de conservation des cossettes contre les insectes et les champignons, certains producteurs utilisent des produits pas recommandés, des produits nocifs. Les enquêtes dans le cadre du projet INCO-YAM au Bénin et au Nigéria ont révélé que le lindane, produit organochloré déjà prohibé (Vernier et al., 1999), est encore utilisé à des fins de conservation. D’autres vont jusqu’à faire l’option des engrais chimiques utilisés pour le traitement du cotonnier. Les cossettes ainsi conservées sont malsaines et nuisibles non seulement à l’être humain mais aussi aux animaux. Leur consommation expose à des risques d’intoxication alimentaire.
L’igname : des pratiques culturales modernes voient le jour
Traditionnellement, les systèmes de culture d’igname (la culture sur jachères de longue durée) sont inadaptés et menaçants pour l’environnement. Des études et recherches agronomiques ont permis d’y remédier en proposant des techniques modernes utilisant des plantes dites de services et favorables à la restauration de la fertilité des terres cultivables. Il s’agit des jachères améliorées de Mucuna Pruriens et des techniques d’agroforesterie, notamment l’utilisation de légumineuses arbustives pour la culture en couloir et le tuteurage vivant (Doppler et Floquet, 1999). Des méthodes qui garantissent de meilleurs résultats. Plusieurs projets ont alors permis de renforcer les capacités et la connaissance des producteurs sur ces nouvelles techniques. On peut citer le projet « Poverty Alleviation and Enhanced Food Availability in West Africa through Improved Yam Technologies ». Financé par le FIDA et coordonné par l’IITA, ce projet vise à renforcer les recherches sur l’igname dans cinq pays d’Afrique de l’ouest : Nigéria, Bénin, Côte d’Ivoire, Togo et Ghana. Les différents projets ont permis d’avoir deux techniques culturales performantes : la jachère améliorée à Aeschynomene histrix développée dans le Centre du Bénin par l’INRAB, et le semis direct sur couverture végétale de Pueraria phaseoloides développé au Bénin par le CIRAD en partenariat avec l’INRAB.
L’igname contient une riche diversité en termes de nutriments. On y retrouve plusieurs vitamines (B1, B2, A, C, K, …). Le tubercule possède aussi des minéraux comme le fer, le magnésium. Très bénéfique pour la santé humaine, la consommation de l’igname une bonne santé à tous.
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