Le néré ou Parkia biglobosa, de son nom scientifique, est une plante très prisée en Afrique grâce à ses multiples vertus nutritionnelles et sa saveur. Il est aussi appelé arbre à farine, arbre à fauve, caroubier d’Afrique (du fait de la similitude de sa gousse avec celle du caroubier) ou mimosa pourpre (en raison de ses feuilles semblables à celles du mimosa). Le néré est un arbre pouvant atteindre 20 mètres de hauteur, avec une terminaison en forme de boule, son tronc fait environ 1,60 mètres de diamètre et ses feuilles vert foncé atteignent entre 20 et 40 cm de long. Il est issu de la famille des Mimosaceae ou des Fabaceae, de la sous-catégorie des Mimosoideae, de la classe des Magnoliopsida de l’ordre des Fabales. L’espèce est présente sur toute la région d’Afrique de l’ouest, une partie d’Afrique de l’est et du centre. C’est un arbre d’une longévité d’environ un (1) siècle. Il est une source inestimable d’alimentation dans la mesure où toutes ses composantes nourrissent plus de 20 millions d’africains répandus dans 14 pays du continent, rapporte l’Agence Anadolu AA. De ce fait, faire sa promotion est bénéfique pour les peuples africains parce qu’il peut contribuer à la sécurité alimentaire, à la sécurité financière et à la réduction de la pauvreté.
Origine
Le néré est l’arbre qui produit le soumbala (Burkina faso, Mali) ou le nététou (Sénégal). Il pousse naturellement dans les savanes et la brousse. Bien qu’on le retrouve en Amérique latine et en Asie, il prend ses racines en Afrique où il est répandu dans les zones sahélo-soudaniennes, principalement en Afrique de l’ouest et s’étend sur 800 km. D’ailleurs, l’appellation “néré” vient du bambara (dialecte du Mali) et signifie “c’est bien”. Parkia biglobosa fait partie des habitudes alimentaires des africains depuis plusieurs siècles, soit le XIV ème siècle [Fiche de présentation-Parkia-biglobosa]. Au Burkina Faso, l’espèce se trouve dans la savane guinéenne et soudanienne, et est favorable aux sols limoneux et sableux profonds. Le néré fait partie des Produits Forestiers Non Ligneux (PNFL) ciblé par le Projet d’Amélioration de Productivité Agricole et de la Sécurité Alimentaire du pays (Rapport PAPSA, Octobre 2016). Malgré les efforts consentis par le Gouvernement, il ressort de ce même rapport que les activités issues de la filière néré, ne sont pas toujours rentables.
Le néré, un végétal encore mal exploité
Présent dans l’alimentation des populations africaines depuis des siècles, le néré ne semble pas encore atteindre les résultats escomptés par ses producteurs jusqu’à ce jour. Le constat est que la filière est mal organisée. Cela s’explique par le fait qu’elle est plus destinée à l’autoconsommation, qu’elle est soumise aux techniques de transformation encore traditionnelles et au manque de suivi de la commercialisation de ses produits. Dès lors, il n’existe pas de données exploitables pour en faire un meilleur suivi. D’après le Rapport susmentionné, la valeur productive de cette espèce n’a pu être révélée [PAPSA, Référentiel technico-économique, tableau 1-PFNL]. Aussi, le néré ne figure pas dans les statistiques économiques de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie du pays. La conséquence est que la production locale reste faible, combien même que les bouches à nourrir augmentent. De plus, cette faible productivité constitue un frein à l’obtention de revenus descends pour ses producteurs. Les techniques de transformation traditionnelles et pénibles de graines de néré produisent 40 kg tous les 5 jours, équivalant à 175 f CFA/Kg de graines et 2.000 f CFA le kg du soumbala. De cette transformation peut sortir 750 boules de soumbala, dont le prix unitaire est de 25 f CFA, explique le point 9.2.3 dudit Référentiel. Cependant, selon une étude de la FAO, quelques commerçants déclarent avoir produit entre 3.600-6.000 sacs/an de graines de néré, lesquels ont donné un chiffre d’affaires de 122 millions à 204 millions f CFA.
Valeur nutritive et économique
Le néré revêt un potentiel nutritif non négligeable. Son fruit est un ensemble de graines recouvert d’une pulpe farineuse jaune, contenus dans une gousse oblongue. Cette gousse peut renfermer environ 23 graines. La production de fruits par année se situe entre 25 et 100 kg l’arbre. Les principaux produits à valoriser qui en découlent sont la graine du soumbala, les boules et la poudre sous plusieurs formes. En effet, une étude de la FAO réalisée en 1986 par A.M Ouédraogo annonce que 100 g de soumbala sec produisent 432 calories dans l’organisme, avec 36,5 mg de protides, 378 mg de fer et 28,8g de lipides. Ils renferment aussi les Vitamines B2 et PP. On l’appelle aussi moutarde ou maggi africain(e), parce qu’il sert à relever le goût en cuisine. Il est utilisé pour la cuisson du Thieboudienne, du maffé (Sénégal) ou du bœuf au néré (Ghana). Plusieurs familles africaines, surtout pauvres, consomment le néré comme un aliment de base. Sa farine contient à elle seule des acides aminés à forte teneur de la vitamine C et l’iode. Il faut compter au moins 8 ans pour que la culture du néré prenne. Les récoltes se font généralement d’avril à mai. Les graines du néré se conservent longtemps, entre 1 et 8,5 ans suivant les conditions climatiques. Elles sont réduites en pâtes et constituent un garde-manger pour les producteurs et leurs familles en période de soudure. Tous les constituants du néré sont comestibles ou utiles. Avec les feuilles, on obtient une poudre pour faire des sauces. On produit des boissons à base du fruit, les graines grillées servent de café, et sont riche en énergie, avec environ 60% de saccharose. Ce sont les graines fermentées qui donnent le soumbala. L’omniprésence de ce végétal dans les habitudes culinaires des populations contribue à réduire les risques de malnutrition du fait de sa haute valeur nutritive. Certaines populations assimilent sa pulpe farineuse à du fromage ou à de la viande.
Du point de vue économique, Parkia biglobosa fertilise les sols pauvres et favorise la biodiversité, un gage pour les paysans. La transformation traditionnelle du néré engendrent des coûts excessifs et empêchent les cultivateurs de jouir pleinement des revenus issus de leur vente. Par contre la procédure du PAPSA 2016 relative à cette filière présente des avantages susceptibles de générer de meilleurs revenus. Pour exemple, une production traditionnelle génère 25.000 f CFA /mois et 300.000 f CFA l’année si le travail se fait à temps plein. Par contre, suivant la technologie moderne, le rendement équivaut à 48.000 f CFA /mois contre 2.400.000 f CFA , s’il est régulier, apprend-t-on du procédé PAPSA 2016, tableau 12. Au regard de cet écart, l’on peut comprendre que la prise en compte de bonnes mesures (industrialisation) peut générer des revenus conséquents aux bénéficiaires de ce PFNL.
Valeurs médicinales
Comme toutes les plantes comestibles, le néré est utilisé dans la pharmacopée et soulage beaucoup de maux. Il est utilisé pour le traitement du goitre et serait efficace pour régler les problèmes d’anémie.
La capsule du fruit et l’écorce de l’arbre pris en décoction, servent d’antalgique contre les maux de dents, les plaies et les douleurs de peaux. Ses branches peuvent être un antidote contre les morsures de serpents et les enflures. L’écorce seule est un anti-diarrhéique et anti-pneumonique. Elle soulage aussi contre l’amibiase, la gastrite, la gingivite, l’otite, la bronchite, la lèpre et prévient contre l’hypertension. Quant aux racines, elles sont utilisées comme vermifuge et traite également la blennorragie. L’écorce associée aux feuilles, soulage les caries dentaires et la conjonctivite. Pour ce qui est du fruit, il est préconisé pour traiter la fièvre jaune, la constipation, l’anorexie et le rachitisme. Les graines renferment pour leur part des vertus aphrodisiaques.
AgriAction est une initiative qui vise à vulgariser les résultats de la recherche agricole auprès des agripreneurs, afin de les sensibiliser sur la production et consommation des cultures locales à forte valeur nutritive et génératrices de revenus, dont le néré. Après une collecte des données, nous avons réalisé l’infographie ci-dessus que nous mettons à disposition des agripreneurs, chercheurs, acteurs du développement, entreprises et citoyens, dans le but de promouvoir ce fruits comme alternative pour améliorer la sécurité alimentaire du Pays.
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